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Albes draps...

vendredi 16 novembre 2012, par Charles Müller, Paul Reboux

Albes draps, repos calme, ô chambre
Où je rentre au Quartier Latin,
Ce soir, bien plutôt ce matin !
Soir, matin, en tout cas : décembre.

Les habits sont jetés par-ci
Par-là, puis le sommeil me hante.
Mais quelle odeur fragre, flagrante,
Berçante, alliciante aussi ?

Parfum des extases anciennes,
Est-ce, fades mais grisants, vous
Qui cernez de tourbillons fous
Mon âme, ô vol des amours miennes ?

Non. Vraie est cette exhalaison
De senteurs pas trop définies.
Elle sort de mes mains unies
Pour la très benoîte oraison.

C’est l’odeur, d’abord, du breuvage
Exécré, qu’on blâme et qu’on veut,
Bien qu’on en ait, malgré le vœu,
Pour apaiser l’être en veuvage.

L’odeur d’hôpital où s’étend
Ton remugle, pharmacopée,
Et de l’orange que Coppée
Porte à mon grabat d’égrotant.

L’odeur encor de l’eau bénite
Prise d’un geste rituel
Pour qu’essentiel miel, le ciel
Oigne un jour mon âme confite.

L’odeur que laissa tout de go
L’impur, chère, et rare délice
Des mains butinant ce calice
Frisé, d’où monte un vertigo.

En toutes, mon cœur, tu te noies,
Glissant devers les infernaux
Gouffres d’ombres, et puis montant aux
Paradis tout flambants de joies.

Et flambants aussi d’or, de bleu,
D’un et cætera d’espérance
Où s’hébergera ma navrance,
Mon Dieu, n’est-ce pas, ô mon Dieu ?

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